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lundi 25 juillet 2011

CYCLE "ILLUSTRER"

Illustrer. Cinq films, cinq partis pris pour appréhender un compositeur ou un musicien et son œuvre par le prisme d’une thématique pointue imposant de ne pas prétendre à l’exhaustivité du portrait : Berlioz et La Fantastique ; Britten via sa relation professionnelle et humaine avec Peter Pears illustrée par trois œuvres majeures ; Deller et la spécificité de sa voix de haute-contre dont il fut le réinventeur ; Brassens à travers les films privés qu’il a réalisés de 1953 à 1957 ou encore Gilberto Gil oscillant entre son engagement politique et sa carrière musicale.

L’importance de leur vie personnelle dans les œuvres des musiciens présentés est l’un des fils conducteurs de la thématique proposée, qu’il s’agisse de musique classique ou encore de chansons et de poésie chantée. Et tous appartiennent désormais à notre patrimoine musical, ayant influencé les générations d’artistes après eux.

Nos choix se sont aussi portés sur des films - qu’ils soient récents ou non, qu’ils aient bénéficié de soutiens à la production par l’action culturelle de la Sacem ou non- pour lesquels les réalisateurs ont développé un style de narration favorisant la proximité avec leur sujet, laissant le temps aux témoignages de se développer pour illustrer le propos, offrant au spectateur le plaisir de devenir intime des œuvres et des musiciens. Les recours aux archives, précieuses par leur rareté, agrémentées de témoignages contemporains constituent la richesse de ces documentaires.

Enfin, petit clin d’œil, à l’exception du documentaire sur Brassens, l’importance de l’Angleterre (pays natal de Deller ou de Benjamin Britten, comme de George Benjamin, « disciples » de Berlioz, ou encore terre d‘exil de Gilberto Gil) est un autre point commun des films de la semaine.


Film du lundi 23 juillet

LA FANTASTIQUE

Un film de Michel Follin et Christian Labrande, réalisé par Michel Follin

2010, 52 min


Dans le mouvement artistique de l’époque, La Symphonie Fantastique, par son audace, est un manifeste révolutionnaire. Interprétée sans cesse depuis sa création, des extraits de l’œuvre sous la direction de Dudamel, Munch, Eschenbach ou Celibidache illustrent les témoignages des compositeurs et musicologues interviewés, ainsi que des passages du téléfilm La Vie de Berlioz de Jacques Trébouta, avec Daniel Mesguish.

Créée en 1830, après la chute de la monarchie constitutionnelle, La Fantastique diffuse une onde de choc. George Benjamin, marqué depuis son enfance par cette œuvre, s’enthousiasme tant Berlioz lui parait imaginatif et inventeur d’une forme originale emplie de liberté et de découvertes amplifiées à chaque instant : du romantisme « brut, puissant et libéré ». Pour Wolfgang Rihm, Berlioz invente une nouvelle manière de composer sans transcrire des techniques du passé, en écrivant directement la musique de l’orchestre, en la sculptant. Ce parti pris fait école et ouvre la voie aux compositeurs du XXème siècle.

Au cœur de l’œuvre, la vie de Berlioz :« ma vie est un roman qui m’intéresse ». Sa relation amoureuse avec Harriet Smithson, actrice lui faisant découvrir Shakespeare, est ainsi au centre de La Fantastique. La musique raconte une histoire et avec les romantiques, le théâtre entre dans la salle de concert. Benjamin insiste sur la haine des romantiques pour tout rationalisme et leur rejet du Siècle des Lumières. Le biographe David Cairnes souligne combien Berlioz a innové en explorant le côté irrationnel de la psyché humaine.

Sans faire de concession envers le conformisme d’alors, Berlioz propose une nouvelle approche de la temporalité et de la relation à la mémoire en travaillant les moments d’étirement et de contraction. Philippe Leroux, qui précise avoir une sensibilité opposée à celle de Berlioz, a composé Envers Symphonie, un programme à l’envers, généralisant la répétition pour évoquer l’orgie de la reine de Sabbat, se pacifiant au fur et à mesure.

Alors qu’il existait peu d’orchestres au XIXème siècle, le piano a joué un rôle central pour la diffusion des œuvres symphoniques. La transcription pour piano de La Fantastique par Franz Liszt l’illustre. Schumann, à qui Liszt a envoyé sa réduction, en a rédigé une célèbre critique. Et Berlioz a pu voir ses œuvres déjà reconnues lors de son séjour en Allemagne en 1842. Tout en constatant la force du travail de Liszt, Benjamin n’y retrouve pas toute la puissance mélodique, le rythme et les expressions conçus par Berlioz.


Présentation de la séance




Rencontre-débat avec le public

















DES DOCUMENTS POUR ALLER PLUS LOIN

Les intervenants du film

Georges Benjamin. Né en 1960, George Benjamin étudie le piano dès 1974 avec Peter Gellhorn et Yvonne Loriod, et la composition avec Peter Gellhorn et Olivier Messiaen. En 1977, il entre au Conservatoire de Paris puis poursuit ses études musicales au King's College à Cambridge auprès d’Alexander Goehr (1978-1982).

En 1980, il est le plus jeune compositeur à avoir une de ses œuvres jouée aux Concerts-Promenades de la BBC (Ringed by the Flat Horizon). Cette pièce, ainsi que les deux précédentes, A Mind of Winter et At First Light, sont enregistrées en 1987 chez Nimbus. La même année, il dirige à Paris la création mondiale de son œuvre Antara, commande de l'Ircam.

George Benjamin est professeur de composition à l’Ecole Royale de musique de Londres et est fréquemment invité à diriger des formations orchestrales comme le London Sinfonietta, l’Orchestre St Paul, l’Orchestre philharmonique de Londres et l'Orchestre de l'Opéra de Lyon. Il est un des directeurs de l'ensemble Musique Oblique. En 1992, il devient directeur artistique fondateur de Wet Ink, nouveau festival de musique contemporaine avec l’Orchestre symphonique de San Francisco.

En 1993, il travaille pour la première édition du festival Meltdown à Londres, durant lequel est créée Sudden Time. En 1995, il dirige l’Ensemble Modern pour la création mondiale de son œuvre Three Inventions for Chamber Orchestra dans le cadre de la 75e édition du Festival de Salzbourg. Il compose Palimpsest I pour une tournée mondiale de l’Orchestre symphonique de Londres, dirigé par Pierre Boulez. C’est ce même ensemble qui crée Palimpsest II en 2002 dans le cadre de sa saison rétrospective consacrée à l’œuvre de George Benjamin. Après une autre œuvre orchestrale, Dance Figures composée en 2004, une œuvre scénique vient compléter en 2006 son catalogue : Into the Little Hill.

En 2001, Benjamin reçoit le premier prix de composition Schœnberg, décerné par l’Orchestre Deutsche Symphonie. Il est professeur de composition au King‘s College à Londres et consultant artistique pour la rétrospective de la musique du 20e siècle « Sounding the Century », organisées par la BBC en 2004/2005.

Il a reçu le titre de Chevalier de l’ordre des arts et des lettres par le gouvernement français et a été élu par l’Académie des arts de Bavière.

© Ircam-Centre Pompidou, 2008

Quelques œuvres

  • Shadowlines (2001), 6 pièces pour piano (I : Cantabile, II : Wild, III : Scherzando, IV : Tempestoso, V : Very freely, solemn and spacious, VI : Gently flowing, flexible). Chacune de ces pièces est un canon ; les six pièces sont conçues comme un ensemble, fait pour progresser continûment de son commencement à son terme. La première pièce est un bref prélude, d'apparence improvisé (environ 1 minute). La deuxième oppose le registre aigu, agressif et chromatique, au grave, calme et consonnant (environ 1 minute 30). La troisième est un scherzo miniature, tout entier concentré dans l'espace d'une octave et demi (environ 4 minutes). La quatrième est explosive et monolithique (environ 6 minutes). La cinquième pièce forme le cœur de l'œuvre, sa partie la plus étendue et la plus lyrique (environ 1 min 30). La sixième est un épilogue simple et calme (environ 1 minute 30)1.

  • Viola, viola (1997)

  • Piano Sonata (1978)

  • Jubilation (1985)

  • Upon silence (1990)

  • Sudden time (1990-1993), pour grand orchestre

  • Three inventions (1995), pour orchestre de chambre

  • Ringed by the Flat Horizon (1980)

  • Dance Figures (2004)

  • A Mind of Winter (1981), pour soprane et orchestre

  • At First Light (1982), pour ensemble

  • Antara (1987), pour deux flutes, deux claviers electro-acoustiques et ensemble

  • Upon Silence (1990), pour mezzo-soprane et ensemble de cordes

  • Sometime Voices (1996), pour baryton, choeur et orchestre

  • Palimpsests (2002), pour orchestre

  • Into the Little Hill (2006), opera pour soprane, contralto et ensemble

  • Duet (2008), pour piano et orchestre



Georges Benjamin. En 1970, il assiste au cours d’été de Darmstadt puis, durant la même décennie, continue à suivre l’enseignement de Karlheinz Stockhausen à Cologne et de Klaus Huber, et Hans Heinrich Eggebrecht à Fribourg. Il enseigne lui-même la composition à la Hochschule für Musik de Karlsruhe de 1973 à 1978, à partir de 1978 à Darmstadt et à l'académie de musique de Munich à partir de 1981. En 1985, il succède à Eugen Werner Velte au poste de professeur de composition de l'académie de musique de Karlsruhe. Il est alors nommé membre du comité consultatif de l'institut Heinrich Strobel, de la radio SWR Baden-Baden. De 1984 à 1989, il est aussi coéditeur du journal musical Melos et conseillé musical de l'opéra national de Berlin.

Rihm mène une très prolifique carrière de compositeur – aujourd'hui son catalogue compte plus de trois cent cinquante œuvres –, courronnée de prix comme le Stuttgart Prize en 1974, le prix de la ville de Mannheim en 1975, de Berlin en 1978, le prix Bach de la ville de Hambourg en 2000, le prix Ernst von Siemens en 2003.

D’abord marqué par les compositions de Feldman, Webern et Karlheinz Stockhausen, puis par Wilhelm Killmayer, Lachenmann et Nono, à qui il dédicace plusieurs de ses œuvres, Rihm dévoile une personnalité fortement portée par les arts plastiques et la littérature. En 1978 est créé Jakob Lenz, opéra de chambre d’après l’histoire de Georg Büchner et Michael Früling. En 1983, Die Hamletmaschine, fruit d’une collaboration avec Heiner Müller, reçoit le prix Liebermann. Rihm rédige lui-même le livret de son opéra Oedipus (1987), d’après Sophocle, Hölderlin, Nietzsche et Müller et Die Eroberung von Mexico (1991) d’après Artaud.

Plusieurs thèmes sont développés sous la forme d'ensemble d'œuvres, notamment le cycle Chiffre (1982-1988), les cinq pièces symphoniques Vers une symphonie-fleuve (1992-2001) ou Über die Linie, sept pièces solistes ou concertantes (1999-2006).

© Ircam-Centre Pompidou, 2008


PHILIPPE LEROUX est né le 24 septembre 1959 à Boulogne sur Seine (France). En 1978, il entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans les classes d'Ivo Malec, Claude Ballif, Pierre Schäeffer et Guy Reibel où il obtient trois premiers prix. Durant cette période, il étudie également avec Olivier Messiaen, Franco Donatoni, Betsy Jolas, Jean-Claude Eloy et Iannis Xénakis. En 1993, il est nommé pensionnaire à la Villa Médicis où il séjourne jusqu'en octobre 1995.

Il est l'auteur d'une soixantaine d'œuvres, symphoniques, acousmatiques, vocales, pour dispositifs électroniques, et de musique de chambre. Celles-ci lui ont été commandées par le Ministère français de la Culture, l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, la Südwestfunk Baden-Baden, l'IRCAM, Les Percussions de Strasbourg, l'Ensemble Intercontemporain, l'Ensemble 2e2m, l'INA-GRM, le Nouvel Ensemble Moderne de Montreal, l'Ensemble Ictus, le Festival Musica, l'ensemble BIT 20, la fondation Koussevitsky, l'Ensemble San Francisco Contemporary Music Players, l'ensemble Athelas, l'Orchestre National de Lorraine, l'Orchestre Philharmonique de Nice, le CIRM, INTEGRA, le Festival Berlioz, ainsi que par d'autres institutions françaises et étrangères.

Ses œuvres sont jouées et diffusées en France et à l'étranger : Festival de Donaueschingen, Festival Présences de Radio-France, Festival Agora, Biennale de Venise, Festival de Bath, Festival Musica, Journées de l'ISCM de Stokholm, Festival MNM de Montréal, Festival Musiques en Scènes de Lyon, Festival Manca, Festival de Bergen, Festival Ultima d'Oslo, Tage für Neue Musik de Zürich, BBC Symphony Orchestra, Tonhalle Orchester Zürich, BBC Scottish Symphony Orchestra, Philharmonia Orchestra, Philharmonie Tchèque, Orchestre Philharmonique de Lorraine, etc...

Il reçoit de nombreux prix : prix Hervé Dugardin, prix de "la meilleure création musicale contemporaine de l'année 1996" pour son oeuvre "(d')ALLER", prix SACEM des compositeurs, prix André Caplet et Nadia et Lili Boulanger de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France, prix Paul et Mica Salabert pour son œuvre Apocalypsis, et le prix Arthur Honegger de la Fondation de France pour l'ensemble de son oeuvre.

Il publie de nombreux articles sur la musique contemporaine, donne conférences et cours de composition dans des lieux tels que l'Université de Berkeley Californie, Harvard, la Grieg Academie de Bergen, l'Université de Columbia à New-York, le Conservatoire Royal de Copenhague, l'Université de Toronto, la Fondation Royaumont, l'IRCAM, le Conservatoire Américain de Fontainebleau, les Conservatoires Nationaux supérieurs de Musique de Paris et de Lyon, le domaine Forget au Québec, Georgia Institute of Technology à Atlanta…

De 2001 à 2006, il enseigne la composition à l'IRCAM dans le cadre du cursus d'informatique musicale. En 2005 et 2006, il est également professeur de composition à l'université McGill de Montréal dans le cadre de la Fondation Langlois. De 2007 à 2009, il est en résidence à l'Arsenal de Metz et à l'Orchestre National de Lorraine. Depuis septembre 2009, il enseigne la composition à l'Université de Montréal (Canada).

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